samedi 5 mars 2011

Jungle !

Luang Nam Tha est la ville idéale pour se lancer dans un treck au milieu d'un des plus beaux parcs naturels du Laos... Poussée par l'enthousiasme d'un couple de Belges rencontré sur la route... je me suis donc lancée dans l'aventure. J'ai donc volontairement signé pour trois jours avec 5 heures de marche par jour sous 30° C !! Par chance le petit groupe de francophones qui s'est constitué s'est révélé fort sympathique (ces quelques jours où l'on retrouve sa langue sont vraiment de grand repos dans un voyage où l'anglais prédomine...)

Alors comment vous résumer ces trois jours ? Après quelques bonnes heures à se frayer un chemin entre lianes, palmiers et autres plantes gigantesques et invasives nous avons déjeuné installés confortablement sur des feuilles de palmiers... puis nous avons repris notre montée dégoulinant de sueur et espérant la rivière annoncée en fin de journée. Au détour nous croisons des arbres vieux de 700 ans avec des troncs immenses et l'on se dit qu'ils seront là bien après nous...

Puis les sons des enfants qui se baignent annonce la proximité du premier village Kham dans lequel nous devons passer la nuit. Délicieux bain malgré la difficulté à manier le sarong (tissus dont les femmes s'entourent pour se baigner) au milieu des enfants qui nous regardent curieux... Difficile communication avec les villageois qui semblent un peu fermés...

Et là, tout bascule en quelques instants. Un des jolis petits chiens que nous prenions pour des animaux de compagnie vient d'être amené attaché par les pattes. Le guide nous dit avec le sourire "ils vont tuer le chien" et ce que nous prenons pour une blague se tranforme en cauchemard... nous assistons sans voix à la scène de ce petit garcon qui frappe le chien à coup de branche... un feu et le joli petit toutou est bientôt sur la broche... puis dépecé dans la rivière où nous venons de nous baigner !

A partir de là, mon estomac a flanché et n'a plus rien voulu accepter d'autre que des bananes et quelques oeufs. Il est fort probable que le déjeuner partagé avec les doigts ait également son rôle dans mon champ de bataille intérieur mais ici les hypothèses pour vous retourner l'estomac sont toujours multiples.

Nuit assez difficile entre les voisins qui fêtent un futur mariage et les coqs qui décident de chanter à trois heures du matin... et c'est le sentier qui recommence... A chaque pas porter l'attention sur son équilibre pour ne pas dévaler au choix dans la rivière ou dans le ravin... monter, descendre dans des paysages superbes mais cette fois-ci le ventre vide ! Dernière montée à la limite du malaise pour enfin atteindre une forêt de bambous qui nous mènera au deuxième village...

Arrivée attendue par l'ensemble du groupe et bonne surprise... cette fois, les visages sont souriants, la cabane excentrée, la rivière petite et (apparement) propre. Merveilleuse soirée à discuter en attendant le coucher du soleil, bananes et cacahuètes... et même quelques bières arrivées là on ne sais comment. Puis un autre malaise... l'un d'entre nous vient de tourner de l'oeil... la raison ? une grosse sangsue lui pompe le sang depuis quelques heures ! Finalement la rivière réserve toujours des surprises...

Troisième jour à bout de forces, nous abordons l'ultime montée. L'un soigne son genou, l'autre son ventre, un autre son dos... mais nous avançons ! Paysage grandiose de plantations d'hevea et de rizières... et puis la route ! Retour à la ville ou chacun se jette avide sur du Coca cola et des gâteaux à la noix de coco...

Voilà... à la fois merveilleux et terrible... sans aucun doute une expérience où il faut aller chercher des forces au plus profond de soi... Dans cette forêt primaire et ces villages isolés, on touche à la fragilité de nos vies... On sent la dureté d'habiter dans une nature qui offre de la main droite sa beauté et de la main gauche le goût de la mort... Animaux sauvages, bactéries, infections emportent régulièrement les Laotiens... L'espérance de vie ici est 56 ans... Nous repartirons, nous retrouverons nos hôtels, nos hôpitaux, nos protections multiples... et nous oublierons que derrière l'asphalte se cache encore une nature bien plus forte que nous.

A mon petit niveau, je vais m'occuper de soigner mon estomac les prochains jours à grand renfort de yaourt et de pomme de terre (le riz c'est plus possible) et apprécier l'extrême confort d'un lit et d'une douche chaude.

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